Les maux des filles en milieu scolaire:«Sans ma main droite, j'ai décidé de ne plus poursuivre mes études»

« Je me nomme Émilie Badji Jai
19 ans. J’ai arrêté mes études lors que
j’avais 14 ans j’étais en classe de 4éme .J'ai eu un accident de voiture à l’insu
duquel on m’a imputé la main droite. Cela a sérieusement remis en cause ma scolarité.
J’étais jeune quand cela s’est
produit .C’était lors des vacances de pâques de l’année 2013 alors que je
revenais à Dakar après avoir passé un séjour en Casamance chez mes grands-parents.Malheureusement nous avions eu un accident et j’ai été admise à l’hôpital.
A mon
réveil je n’avais plus ma main droite. On m’a expliqué que j’avais eu une
blessure assez grave qui a nécessité que l’on m’enlève cette main afin d’éviter
une paralysie complète de tout mon corps. Je suis maintenant une femme avec un bras en moins.
J’ai très mal vécu cette amputation.
A la fin de ma période de convalescence, mon père a voulu m’exercer à écrire
avec ma main gauche, mais ce fut un réel fiasco .Je n’avais plus gout à la vie
et donc aucune envie de retourner à l’école pour subir les moqueries ou les
regard remplis de pitié à mon égard .Je ne voulais pas de cela .Je savais ce
qui m’attendait si je remettais les pieds à l’école alors j’ai tout fait pour
ne plus avoir à y aller. Je ne faisais aucun effort pour renforcer ma capacité
d’écrire avec le bras qui me restait alors mes parents ont fini par laisser
tomber.
Comme mon père ne voulait pas non
plus que je reste seule à la maison à me morfondre sur mon sort, il m’a inscrit
dans une école spécialisée pour handicapés .La bas aussi je sentais que je n’y avais
pas ma place. Mon monde n’était plus celui de mon ancienne école avant
l’accident et ce n’était pas non plus dans cette école pour personnes à
mobilité réduite .Mon mal être allait de mal en pire .Finalement mes parents
ont consenti à me laisser arrêter les études car je ne me sentais nulle part à
ma place.
Aujourd’hui je ne fais aucune
activité .Je suis chez moi toute la journée à la maison à aider ma maman du
mieux que je peux .
Je n’ai aucune envie d’aller affronter les gens dehors parce
que je sais que certains n’hésiterons pas à se montrer très cruelle du fait que
je n’ai qu’une seule main, aussi par ce que je n’ai pas fait des études
poussées.»
STG Aissata Ndiaye