Ces femmes qui ont quitté la campagne pour la ville : Nous nous sommes rendues compte qu'elle n'était pas meilleure

C’est au marché « Eglise » en face de la mairie des
Parcelles Assainies, (Dakar, Sénégal) que l’on trouve ces braves dames composées de
jeunes filles, de mamans et femmes aux âges très avancés.
De nature, la femme
sérère est très battante et fière. Ces dames, venues dans des coins très
reculés du Sénégal en sont la parfaite illustration. Elles ne trouvent pas
d’autres options à part quitter leurs villages. La plupart nous viennent de
Pathar dans la région de Fatick, laissant maris, parents et enfants pour venir
affronter les réalités d’une ville méconnue où l’accès à beaucoup de choses
leurs est interdites.
C’est aux environs de 20heures, sur les trottoirs du marché
qu’on a pu échanger. Parmi elles, N’deye Diouf, devant ses paniers de mil,
seule à trier nous confie ceci : « je suis ici malgré moi ;
mais je m’accroche juste pour nourrir ma famille et subvenir à mes besoins même
si cela n’apporte pas grand-chose. Nous devons être intégrée comme les autres».
Plus loin, on aperçoit un groupe de femmes
assises devant des cantines fermées. Mame Diarra Faye, sexagénaire, vêtue de
plusieurs habits pour se protéger du froid en faisait partie. Elle nous a parlé
sous l’influence des autres femmes installées à côté. « Je viens de
Diandoum, dans la commune de Pathar. Je suis venue dans la capitale pour
travailler et j’ai amené avec moi une partie de ma famille et les plus petits
sont restés au village. Malheureusement, on n’a pas pu trouver grand-chose donc
je suis obligée de vendre ces petits trucs : de l’oseille, du kinkéliba
qu’on ramasse dans la forêt. On tourne en rond dans les quartiers du matin au soir,
sous le soleil et la pluie et la nuit on vient se poser ici jusqu’à une heure
avancée ; C’est très dur mais on est des femmes et on se bat».
Même
étant vielle, leurs seuls soucis c’est de suer pour survivre, Khady Seck, âgée de
86 ans, venue de N’goye nous explique avec des mots qu’on arrive à peine à décortiquer dû à la vieillesse. «Vous
m’avez vu, je suis si vielle que je n’arrive même pas me tenir debout
correctement malgré cela je travaille durement pour gagner ma vie. Du matin au
soir, j’erre dans les rues des parcelles assainies. Je vends du Kinkéliba et
les revenus sont très maigres .Nous sommes très endettées. Le bénéfice d’un
panier de kinkéliba n’arrive même pas à 600f ».
Il y a
pas de sous métier. La femme africaine arrive à faire des travaux si durs qu’elles
oublient ce qu’est le bonheur et le gout
de la vie. La seule chose qui compte c’est de suer pour nourrir la
famille.
Même en période de grossesse ou de maladie, elles n’ont pas
droit au repos. Fatou Tine, jeune maman, enfant au dos mal protégé du froid est
une femme de linge qui s’active du matin
au soir. Malgré la somme perçue qu’elle trouve dérisoire, elle dit qu’a même ne pas lâcher prise. « Quand
je vois quelqu’un qui a des habits sales à laver, il me donne et je les laves.
Sinon, je reste là à ne rien faire ce qui n’est pas bon pour nous et nos enfants
qui nous attendent au village. Laver le linge c’est vraiment dur surtout qu’on
nous traite mal et on gagne presque rien du tout .Nous voulons participer
au développement de notre pays mais il
semble que c’est impossible», dit-elle en essayant de dorloter son bébé de
quatre (04) mois.
Pleines d’espoir en
venant en ville pour une vie meilleure, elles n’ont constaté que la réalité en
est autre. Elles n’ont pas de domiciles fixes encore moins de lieux de ventes
de leurs produits. C’est alors la nuit, sous le froid, qu’elles se regroupent
pour essayer d’écouler leurs peu de
paniers d’oseille, de kinkéliba, de mil, arachide et cures dents pour ensuite
se disperser tard dans la nuit.
Restées au bercail, entourées de parents, d’amis et de la progéniture est
leur plus grand souhait.
Sur ce, le même
souhait a été prononcé : recevoir de l’aide leur permettant de retourner
investir auprès de leurs familles.
NDEYE PENDA DIALLO